Nous avons été rejoints par des représentants de services carrière de 9 écoles. Le sujet a suscité une discussion animée sur les outils utilisés par les services carrière et les étudiants ainsi que les compétences à développer dans un paysage modifié par l’IA. Nous souhaitions partager les idées échangées lors de la soirée avec un public plus large.
Pourquoi ce thème ?
Avec l’émergence de l’IA Générative, Marion Depont, Kedge Business School, nous a proposé d’organiser un dîner discussion autour de l’IA et de son impact sur le projet professionnel des étudiants.
Nous avons donc réuni 8 autres écoles de Marseille et la région.
Bonus apprécié, le coucher de soleil splendide observé depuis le Sofitel Vieux Port de la Cité Phocéenne.
Dans cet article, nous questionnons les écoles et les pratiques des participants par rapport à l’IA Générative.
- L’impact sur l’accompagnement des étudiants, à la fois sur le fond et sur la forme
- Les attentes des entreprises
- Les pratiques des écoles aujourd’hui
- L’impact futur
Pour tous les sujets abordés pendant cette soirée, bien qu’en ayant des questions ciblées, les réponses ont souvent débordé du cadre. Gage de la difficulté actuelle de cantonner l’IAG à un seul rôle. La transversalité est d’autant plus grande que toutes les entités de l’école semblent concernées sans qu’il soit facile de délimiter les rôles ou les attentes de chacun, côté école et côté étudiants.
De plus, il est important de préciser que les réponses sont données pour aujourd’hui. Cette temporalité est importante à préciser car les pratiques et les attentes évoluent très rapidement.
L’impact de l’IA sur l’accompagnement des étudiants
Comme précisé précédemment, et bien que la question adressée en premier lieu soit centrée sur l’accompagnement carrière, la question de la relation avec les étudiants a été abordée plus largement.
Unanimement partagés par nos participants, les étudiants semblent être utilisateurs d’outils d’IA pour leurs documents de candidatures, CV et Lettres de motivation. Certaines écoles les encouragent dans ce sens. D’autres sont plus passives, voire aimeraient proposer du contenu dédié à la prise en main de tels outils, mais peinent à trouver les ressources sur le sujet.
Difficile aussi de ne pas relier ce sujet à l’intégration des outils IA plus largement dans les écoles, notamment au niveau académique.
Les pratiques divergent, tous les intervenants présents reconnaissent qu’il est aujourd’hui incontournable de favoriser et d’accompagner la pratique de l’IA, mais ce n’est pas forcément le cas des équipes pédagogiques. Certaines écoles sanctionnent l’utilisation de l’IA par les étudiants.
Sauf pour les écoles directement impliquées et pour lesquelles l’IA est partie intégrante de leur ADN. Ils forment leurs étudiants sur ces outils. Et prévoient de s’adapter au maximum en temps réel, revoyant leurs programmes d’une année sur l’autre.C’est d’ailleurs une attente pour les entreprises partenaires de ces écoles.
Les attentes des entreprises
Toutes les personnes présentes ont noté une évolution des attentes des entreprises. Les mots clés « IA » et « Rédaction de prompts » sont unanimement revenus.
Cette tendance est évidemment confirmée par les écoles spécialisées en IA puisque c’est le cœur des compétences acquises par leurs étudiants. Mais cette tendance est observée par toutes les écoles, quelle que soit l’expertise de leurs étudiants.
Face à une technologie en forte croissance, les entreprises françaises comptent souvent sur les jeunes diplômés pour apporter des compétences. Quelques rares entreprises sont moteurs sur le sujet et comptent former ensuite les étudiants sur des outils internes.
Dans le cas spécifique du processus de recrutement, l’IA est un outil plébiscité par les recruteurs pour gagner du temps, pour les étapes qui peuvent être automatisées. Matching de CV par rapport à une fiche de poste, tri de candidatures… avec pour objectif de gagner du temps au profit des entretiens à proprement parler.
Les étudiants sont d’ailleurs demandeurs de davantage de présentiel, pour les forums et pour les entretiens.
A noter que lors du dîner consacré à l’engagement des étudiants dans les process de recrutement, en janvier dernier (article ici), les recruteurs présents ont reconnu que la marque employeur était directement impactée par l’utilisation ou non de l’IA dans le process de recrutement. Plus l’humain est présent, plus la marque sera perçue comme forte.
Les bonnes pratiques des écoles
Les écoles présentes reconnaissent qu’il est difficile de suivre le rythme imposé par l’innovation de technologies comme l’IAG.
Les programmes devraient être revus en continu, mais dans les faits, cette volonté est difficile à traduire. L’accompagnement en interne (pédagogique ou en formation interne) n’est pas encore à la hauteur des besoins.
Pourtant, les premières utilisatrices devraient être les écoles, pour montrer l’exemple aux étudiants. Certaines personnes présentes ont reconnu que les étudiants étaient meilleurs que les enseignants.
Le constat unanime est centré sur le gain de temps et de productivité, en automatisant, grâce à l’IA, des tâches répétitives. L’objectif partagé est de pouvoir consacrer davantage de temps et d’énergie à la relation directe avec les étudiants.
Tous les participants reconnaissent qu’il devient de plus en plus difficile de capter l’attention des étudiants (et aussi des recruteurs). Si tous les outils possibles sont utilisés, le mél mais aussi les outils de la nouvelle génération (Slack, Discord, …), l’objectif visé est de pouvoir créer davantage de lien direct avec les étudiants.
Sans mesure ou retour d’expérience concret, il est difficile de dresser un bilan pour l’instant.
Comme justement proposé par un participant, « à quoi ressemblerait la même discussion dans 10 ans ? »
L’impact futur
Pour l’instant, l’IAG peut être perçue comme frustrante et inutile. Les témoignages partagés font état d’un gain de temps obtenu parfois trop faible par rapport au temps de prise en main des outils d’IAG. Il faut du temps pour comprendre et savoir utiliser à bon escient ces nouveaux outils.
Certaines personnes ont gagné en efficacité, surtout en termes de communication et d’automatisation sur les contenus proposés, plutôt en amont de l’école, pour le recrutement des futurs étudiants.
Ce serait pourtant une belle opportunité pour les écoles de revoir leur fonctionnement. Questionner l’IA sur les attentes de la nouvelle génération d’étudiants, revoir l’organisation interne, proposer une nouvelle approche, pour les cours ou la construction du projet professionnel ?
La place de l’humain a aussi été largement évoquée. L’IA semble remettre la priorité sur la création de liens, de relations. Les étudiants n’ont jamais été autant connectés, pourtant la communication est de plus en plus difficile.
L’IAG serait-elle une opportunité pour gagner du temps qualitatif ? Pour permettre de travailler les sujets toujours partagés au sein des écoles : engagement, goût de l’effort, persévérance. Comment accompagner davantage nos étudiants ?
En conclusion, faire de l’IA un outil au service de la compétence et de la personnalité de nos étudiants et non l’inverse.
Quel pourrait être le prochain sujet à croiser avec l’IAG. Qui veut participer ?
En savoir plus
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À noter, cet article n’a pas été écrit avec l’IA et est le fruit d’un événement réel ! Vous souhaitez proposer un sujet pour la prochaine table ronde ? Vous souhaitez co-organiser cette rencontre avec nous ? Contactez-nous pour échanger à ce sujet.