Ambiteux malgré l'incertitude
Introduction
Handshake a interrogé 5 655 étudiants en France, en Allemagne et au Royaume-Uni afin de comprendre comment les étudiants des différentes régions naviguent dans leur recherche d’emploi. Ce rapport porte sur les étudiants qui étudient en France, mettant en évidence les principales tendances dans leurs priorités et défis alors qu’ils se préparent à entrer sur le marché du travail.
La flexibilité et l’équilibre entre le travail et la vie personnelle influencent fortement les décisions liées au travail, avec des préoccupations concernant le burn-out. Les pressions financières, en particulier la hausse du coût de la vie, ne font que du salaire et la compensation des facteurs primordiaux.
L’endroit joue un rôle essentiel, et la proximité de la famille et les possibilités de carrière font partie des considérations les plus importantes. De nombreux étudiants sont prêts à déménager pour le bon poste, mais le salaire et la qualité de vie restent des facteurs déterminants. Pour les étudiants qui préfèrent rester en France, la plupart ne déménageraient qu’à 2 heures de route de leur endroit actuel.
La flexibilité demeure une priorité, et beaucoup cherchent à trouver un équilibre entre le travail au bureau et le bien-être personnel pour éviter le burn-out. Bien que les événements en présentiel soient de retour, certains étudiants préfèrent encore des options virtuelles en raison des défis de l’anxiété sociale et de la peur de parler en public, en particulier pour les étudiantes et les élèves handicapés.
Confiance en l’avenir professionnel
Au début de leur carrière, beaucoup d’étudiants sont anxieux, et seulement 3 % ne se sentent pas concernés. Le burn-out est une préoccupation majeure, entraînant une préférence pour les horaires de travail flexibles afin de maintenir l’équilibre entre le travail et la vie personnelle.
Les étudiants des écoles d'ingénieurs et des écoles de gestion sont plus préoccupés par le remboursement de leur prêt étudiant que leurs pairs, mais moins préoccupés par la discrimination que ceux des établissements publics.
Les étudiants sont à la recherche d’un environnement de travail qui offre de la flexibilité, une progression dans leur carrière, une sécurité financière et la possibilité de se connecter avec leurs collègues, car les craintes professionnelles demeurent au premier plan.
Malgré l’anxiété liée au début de leur carrière, 63 % des étudiants sont confiants dans l’emploi qu’ils souhaitent obtenir après leur diplôme, et 34 % savent déjà pour quelle entreprise ils veulent travailler.
Le niveau de certitude varie selon les groupes : les étudiants masculins et ceux qui travaillent pendant leurs études sont plus susceptibles d’avoir une idée claire de l’emploi qu’ils veulent. De même, les étudiants et ceux issus de milieux socio-économiques intermédiaires supérieurs sont plus susceptibles de savoir pour quelles entreprises ils souhaitent travailler.
Plus de la moitié des étudiants se sentent confiants quant à l’obtention de l’emploi souhaité après leur diplôme. Cependant, tout comme avec la certitude concernant les rôles et les employeurs favoris, les niveaux de confiance varient selon les groupes d’étudiants. La confiance est nettement plus élevée chez les étudiants de sexe masculin et ceux qui viennent de milieux socio-économiques intermédiaires supérieurs.
Les étudiants qui sont confiants quant à l’obtention de l’emploi souhaité citent un CV bien préparé et un dossier scolaire solide comme facteurs clés. Pour ceux qui manquent de confiance, les principaux obstacles sont le manque d’un réseau personnel solide, d’expérience professionnelle pertinente et l’incertitude quant aux attentes des employeurs.
Le niveau de confiance varie selon le type d’établissement. Les étudiants d’école d'ingénieurs et d’école de gestion sont plus susceptibles de se sentir prêts grâce à un CV solide et un bon soutien professionnel, reflétant leur milieu ainsi que l’importance que les établissements accordent à la création de liens et au développement professionnel.
Les employeurs peuvent attirer les étudiants en offrant des postes qui correspondent à leurs préférences et en répondant aux préoccupations des étudiants qui ne se sentent pas prêts à travers un soutien ciblé, au mentorat et à des possibilités de développement.
L’emplacement, un facteur clé dans la décision
L’endroit joue un rôle essentiel dans les décisions d’emploi, les français accordant une plus grande importance à la proximité de leur famille par rapport à leurs pairs britanniques et allemands. À mesure qu’on se rapproche de la fin des études, les lignes de transport et le coût de la vie deviennent des facteurs cruciaux. Bien que la plupart des étudiants soient ouverts à changer d’endroit, le salaire, les opportunités de carrière et la qualité de vie influencent fortement leurs choix.
L’endroit joue un rôle essentiel dans les décisions de carrière des étudiants, avec 43 % priorisant la proximité avec la famille et 39 % cherchant un milieu avec de bonnes opportunités de carrière. Seulement 19 % des étudiants estiment être proche de leur université actuelle. Les français accordent plus d’importance à la proximité avec la famille (43 %) que le Royaume-Uni (33 %) et l’Allemagne (35 %).
A mesure que la fin des études approche, les facteurs pratiques comme les lignes de transport (43 %) et un faible coût de la vie (24 %) gagnent plus d’importance, surtout pour les étudiants dans des institutions publiques. Cela suggère qu’à mesure qu’ils approchent de la fin de leurs études, les étudiants priorisent l’abordabilité et les déplacements.
La plupart des étudiants sont disposés à déménager pour le bon poste, bien que les préférences varient. Alors que 59 % préfèrent rester en France, 53 % envisageraient seulement de déménager dans un rayon de deux heures de leur lieu de résidence actuel. Par rapport à leurs pairs au Royaume-Uni et en Allemagne, les étudiants français sont plus ouverts à déménager en dehors de leur pays, avec 15 % d’entre eux prêts à déménager en Europe et 20 % sur un autre continent.
Le salaire et les avantages sociaux sont les principaux facteurs qui influent sur la décision de déménager, suivis des possibilités de progression de carrière et de la qualité de vie. Un logement abordable, le salaire, les avantages sociaux ainsi que la proximité avec la famille sont plus importants pour les étudiants d’un milieu socio-économique inférieur.
Les enjeux du retour au présentiel
La flexibilité est une priorité absolue, les étudiants cherchant un équilibre entre le travail et la vie personnelle afin d’éviter le burn-out et de maintenir leur bien-être. Alors que les étudiants s’adaptent aux réalités de la période post-pandémie, les événements en présentiel organisés par les employeurs sont de retour, mais des défis demeurent. Bien que la plupart des élèves soient à l’aise avec les formats en présentiel, l’anxiété sociale et les craintes liées aux discours en public continuent de dissuader certains étudiants, notamment les étudiantes et les personnes handicapées.
Les étudiants sont ouverts au travail en présentiel, mais ils veulent de la flexibilité. Alors que 68 % sont susceptibles de postuler à des emplois qui exigent un travail en présentiel cinq jours par semaine, de nombreux préfèrent tout de même des horaires flexibles afin de maintenir un équilibre entre le travail et la vie personnelle. Cette préoccupation est particulièrement importante pour les étudiants français (53 %) par rapport à leurs pairs britanniques (33 %) et allemands (44 %)
La flexibilité est une priorité, avec 59 % classant les horaires de travail flexibles comme l’un des avantages les plus importants lorsqu’ils doivent choisir un emploi. Avec 46 % des étudiants inquiets du burn-out, les horaires flexibles sont considérés comme un avantage essentiel, montrant que leurs employeurs valorisent leur bien-être et l’équilibre entre le travail et la vie professionnelle.
Après la pandémie, les étudiants préfèrent maintenant les événements en présentiel plutôt que virtuels, même si beaucoup sont à l’aise avec les deux formats. L’anxiété sociale et la peur de parler en public dissuadent encore certains d’assister à des événements en présentiel.
Les étudiants français sont nettement moins à l’aise de participer à des événements organisés par leur employeur que leurs pairs au Royaume-Uni et en Allemagne. Les employeurs qui cherchent à recruter en France devraient envisager d’autres stratégies d’engagement.
Les étudiantes et les étudiants handicapés préfèrent les événements virtuels aux événements en présentiel, citant des niveaux plus élevés d’anxiété sociale, de peur de parler en public et de préoccupations au sujet des impressions négatives. Il est à noter que 58 % des étudiantes déclarent être anxieuses et craindre de parler en public lors d’événements en présentiel, comparativement à 23 % de leurs pairs.
Tendances en recherche d’emploi
Les étudiants utilisent en moyenne 4,2 sources, un mélange d’informations numériques et de connexions personnelles pour choisir des employeurs. Ceux de milieux socio-économiques inférieurs dépendent davantage des sites d’emploi que des réseaux. Ils s’attendent à passer 40 heures à envoyer des candidatures, poussés par un marché du travail difficile. Les avis sur l’utilisation de l’IA sont mitigés, mais les candidats expérimentés y sont plus ouverts.
Les étudiants utilisent en moyenne 4,2 sources, un mélange d’informations numériques et de connexions personnelles pour choisir des employeurs. Ceux de milieux socio-économiques inférieurs dépendent davantage des sites d’emploi que des réseaux, soulignant l’importance d’une forte présence en ligne et de recommandations fiables des employeurs.
Les étudiants s’attendent à postuler pour 8 postes et à passer environ 5 heures sur chaque candidature, tout en continuant leurs études et autres engagements. Les étudiants venant d’un milieu socio-économique inférieur croient devoir postuler à plus d’offres. Le grand nombre de demandes reflète la perception qu’il est difficile d’obtenir un emploi (59 %), un marché du travail saturé (35 %), et la conviction que le fait de postuler à plus d’offres augmente les chances de réussite (29 %). Remédier à ces points de vue, comme avec la promotion de la qualité plutôt que de la quantité dans les candidatures, pourrait modifier le comportement des étudiants.
Malgré les difficultés perçues pour obtenir un emploi, les étudiants sont divisés quant à l’utilisation de l’IA dans leurs candidatures, avec 52 % pour et 35 % contre son utilisation. Les étudiants ayant plus d’expérience sont plus enclins à utiliser l’IA, apprenant souvent sur les réseaux sociaux et par leurs pairs. Il existe également un écart entre les sexes, 62 % des étudiants utilisent l’IA contre 44 % des étudiantes. Les étudiants hésitants, en particulier les femmes, préfèrent créer leur propre travail plutôt que de s’inquiéter de la qualité du travail produit par l’IA et des employeurs.
Question d’argent
Le salaire demeure la priorité absolue pour les étudiants, 70 % d’entre eux sont prêts à envisager d’autres offres pour un salaire plus élevé. Plus de la moitié des étudiants accepteraient une nouvelle offre si le salaire est supérieur à 2 500 €, en particulier ceux de certaines institutions. L’endroit, les possibilités d’évolution, et la flexibilité sont également des facteurs clés, soulignant ainsi le besoin d’avantages sociaux complets et d’un environnement de travail favorable.
70 % des étudiants seraient prêts à accepter une offre d’emploi alternative si elle s’accompagnait d’un salaire plus élevé. Plus de la moitié (51 %) seraient influencés par une augmentation allant jusqu’à 2 500 € au-dessus de leur offre initiale, le montant supplémentaire moyen nécessaire pour accepter une autre offre étant de 2 004 €.
Toutefois, les étudiants qui étudient dans une école de gestion ou d’ingénieurs ont besoin d’une offre légèrement plus élevée pour être influencés, 3 455 € et 2 051 € respectivement.
Bien que le salaire soit la priorité absolue, les facteurs secondaires varient selon les genres. Les étudiantes favorisent la progression de carrière, l’endroit, et la dynamique d’équipe plutôt que les avantages ou la réputation de l’entreprise. Les employeurs devraient adapter leur approche pour tenir compte de ces différences dans les facteurs d’acceptation des offres.
Conclusion
Les étudiants sont confrontés à un marché du travail qui est défini à la fois par des défis et des opportunités. La hausse du coût de la vie et la recherche de la flexibilité refondent leurs préférences professionnelles, tandis que les outils numériques et les connexions personnelles jouent un rôle de plus en plus crucial dans leur recherche d’emploi. Malgré les préoccupations liées au burn-out et à un marché du travail saturé, les étudiants font preuve de résilience et se concentrent clairement sur leurs objectifs de carrière.
Les employeurs qui reconnaissent ces besoins en constante évolution et y répondent, en offrant divers moyens d’engagement, un salaire compétitif, de la flexibilité et des voies claires pour l’évolution professionnelle, seront les mieux placés pour attirer les meilleurs talents. En s’adaptant aux attentes de cette génération, les entreprises peuvent puiser dans un bassin de diplômés motivés, ambitieux, et prêts à faire leur marque.
Méthodologie
Cette recherche menée par Savanta entre le 24 juillet et le 22 août 2024 visait scientifiquement les jeunes de 18 à 24 ans, qui étudient pour obtenir leur licence ou leur master dans une université en France, au Royaume-Uni ou en Allemagne. Une enquête quantitative en ligne (CAWI) a recueilli 5 644, dont 2 026 en France, avec des quotas d’âge et de sexe pour assurer une répartition représentative.
Les résultats ont été pondérés par sexe et âge, et les répondants ont fourni des données démographiques. Les milieux socio-économiques sont classifiés ABC1 (Supérieur/ intermédiaire) et C2DE (inférieur). la marge d’erreur est de +/- 2.2 % à un niveau de confiance de 95 %.